Cultiver sa joie (1/2)
Pour cultiver sa joie, il faut consentir à la vie et l’aimer comme elle est, en se réjouissant de ce qui est là, sans toujours désirer davantage ou autre chose. La vie m’a conduit là ? Je vais accompagner joyeusement son mouvement, le flux naturel de la vie, simplement parce que je n’ai pas d’autres choix. C’est ça la réelle liberté, choisir de ce qui me met en joie et qui contribue à mon bonheur… « Être libre, c’est agir en fonction de sa nature et non plus des causes extérieures. La liberté, c’est l’autonomie. » disait Freud. On peut cultiver la joie pour traverser peines et souffrances…
Il n’y aurait pas de bonheur sans plaisir modéré, choisi… La prudence est une vertu de l’intelligence permettant de discerner, de juger et de choisir avec justesse. La servitude de l’homme réside dans une mauvaise orientation de ses désirs. Il est triste, malheureux et impuissant, car ses désirs sont orientés vers de objets qui diminuent sa puissance au lieu de l’augmenter. Il faut reconnaître ce qui est bon et ce qui est mauvais pour nous, afin de réorienter nos désirs vers des objets qui nous élèvent.
Grâce à un travail attentif d’observation de nous-mêmes, de notre sensibilité, de nos motivations, de nos désirs, de nos émotions, de nos expériences, nous saurons ce qui nous sied le mieux : de ce qui nous met en joie et ce qui nous rend triste, de ce qui nous est agréable ou désagréable… L’agréable n’est pas forcément vecteur de justesse (« fumer tue »…). Le désagréable peut être bénéfique (huile de foie de morue).
L’idée étant de gagner en autonomie, en étant conscient de ce qui nous est agréable ou désagréable, car c’est uniquement une question de perception… Ce qui est agréable pour l’un peut être désagréable pour l’autre, et vis et versa…
On peut savourer la vie, aimer la vie, car il y a de la joie partout, ne serait-ce que dans le fait de se réjouir d’être en vie… La joie est un accomplissement de la vie, un cheminement, c’est en ça qu’elle diffère du simple plaisir. Le plaisir est une ruse de la nature pour la survie de l’espèce !
Attention au contrôle, à la rigidité, il ne permet pas de s’adapter. C’est un peu comme si on voulait traverser un fleuve en remontant le courant. Autant se laisser porter par lui, on arrivera plus vite sur l’autre rive…Continuer à être heureux malgré un problème dans notre vie : dissocier le bonheur de ses causes extérieures et lui en trouver de nouvelles en soi.
Si le plaisir est éphémère, comment rendre le bonheur durable ? L’être humain est fondamentalement un être de désirs… La tristesse du désir insatisfait est à l’origine de notre quête de sagesse, la joie du désir comblé en étant l’aboutissement !
Le plaisir se programme, le bonheur se construit, la joie est gratuite… Elle ne se commande pas, elle s’invite ! Elle n’est pas volontaire.
La joie est une expérience à la fois mentale et physique intense, en réaction à un événement de durée limitée. Elle touche le corps, l’esprit, le cœur, l’imagination. C’est un plaisir décuplé, plus intense, globale, profond. Il y a un stimulus extérieur, la joie nous tombe dessus. Lorsqu’on éprouve du plaisir, on va sourire, respirer d’aise, s’étirer de satisfaction. Mais quand on est en joie, on va sauter, crier, danser : nous sommes inondés d’endorphines… La joie nous met dans un état d’intensité et d’exubérance, car elle prend le contrôle et on éprouve le besoin de la partager, même avec des étrangers. La joie est communicative ! On peut pleurer de joie, car nous pouvons être joyeux d’avoir surmonté une épreuve, d’avoir vaincue une douleur et jouir d’une victoire !
Le bonheur ne peut être fugace, c’est un état durable, il est l’aboutissement d’un travail, d’une volonté, d’un effort. St Augustin nous dit que « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède déjà ». Ce qui dépend de nous, essayons de le changer… Acceptons ce sur quoi nous ne pouvons agir. Alors c’est vrai qu’en s’abandonnant à la vie et à ses possibles, on traversera inévitablement des situations plus ou moins agréables, plus ou moins heureuses… Ouvrir son cœur, c’est accepter de vivre une certaine vulnérabilité, accepter de tout accueillir au risque d’être blessé. « Bonheur et malheur sont deux frères jumeaux qui, ou bien grandissent ensemble, ou bien demeurent petits ensembles. » nous dit Nietzsche. Le bonheur demande de l’imagination (Kant), il faut notre consentement pour que la vie soit aimable (Lenoir) !
Alors, cultivez votre joie, tous les jours, avec un petit exercice tout simple : en vous couchant le soir, obligez-vous à vous remémorer trois bons moments dans la journée qui ont été agréables, réussis et qui vous ont mis en joie…
Article largement inspiré du livre de Frécéric Lenoir "La puissance de la joie".
et de "Rêve au cœur des émotions" de Laurent Marchal